Que faire lorsqu’un amoureux fou
passionné des mots est métallier de son état, comme Guypierre ?
Comment concilier le plus abstrait et le plus concret des
matériaux ? Comment résoudre l’alchimie entre le verbe et le métal ?
La chose est simple, Guypierre se fait sculpteur, sculpteur de mots. Il
prête matière aux dires, donne forme aux paroles, invente un alliage qui se
plie à la cursive. Son imagination s’en exalte. Il se rit des mots, les mots se
rient de lui. Il les cisèle, eux le confondent et, bientôt, le périmètre de sa
seule langue ne lui suffit plus, il le déborde, les interdits volent en éclats
et les œuvres métalliques jaillissent en bouquets trépidants.
Voilà que, dans leur habit d’écriture, les mots sautent les frontières,
se chevauchent d’un idiome à l’autre, ouvrant des univers que Guypierre ne
soupçonnait pas.
Alors, il travaille de plus en
plus en plus, écrit sans relâche de gauche à droite, de droite à gauche sans
lever son stylet. Même la mégère orthographe devient magicienne et l’entraîne
des terres d’Espagne aux forêts celtiques, du pays de la cocagne aux berges du
Danube. L’artiste va d’émerveillement en émerveillement d’autant qu’à l’instar de l’enfant qui découvre, un jour, le pouvoir de se nommer Je, il sait que, devenu serviteur des mots, son inspiration ne pourra simplement pas se tarir. Il y a du jamais dans ce nouveau monde sans limites. Il y a du jeu dans les trouvailles de Guypierre, pour les petits comme pour les grands, pour les apprenants de langues comme pour les étymologistes. Il y a de l’enthousiasme et de la ferveur dans les œuvres de Guypierre, les siens. Il y a de la joie et de la générosité dans les œuvres de Guypierre parce qu’il s’y love en entier (et que l’ambilogue, ici, se dévoile !...).
Daniel KOCH Inspecteur d'académie - Directeur des services départementaux de l'Education Nationale de l'Aude
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